Reconstitution d'une salle de classe d'autrefois à Proville.
Paulo nous raconte sa propre expérience de l’école…
« J’y ai passé tout de même une bonne partie de ma vie. A la maternelle d’abord dès l’âge de deux ans, et puis l’arrivée au CP et l’élémentaire suivi du collège, du lycée. A 18 ans c’est le concours d’entrée à l’Ecole Normale. Une petite pause de 16 mois à cause du service militaire. La retraite à 55 ans et demi –dommage pour ceux qui doivent maintenant aller bien au-delà !-, et si je fais mes comptes… 51 et un an et demi de « scolarité » !
Ce n’est qu’en fin de carrière, dans les années 1990, que j’ai vécu l’aventure de l’ordinateur. Chaque école en avait reçu un : le TO7. Beaucoup de ces machines restèrent bloquées dans leur carton d’emballage, nombre d’enseignants n’ayant pas appris à les utiliser ou contestant leur utilité.
Il est vrai que notre préoccupation était d’apprendre avant tout à nos élèves à lire, écrire, compter. Nous ne négligions pas les disciplines annexes : histoire, géographie, sciences naturelles, arts plastiques… mais toute activité scolaire était prétexte à acquérir la connaissance de la langue française. Beaucoup d’instituteurs ont enseigné, malgré la contrainte des programmes, les modes pédagogiques, de la même façon du début à la fin de leur carrière, non par immobilisme, mais par souci –croyaient-ils- d’efficacité.
Du tableau noir, puis vert...
De noir dans ma jeunesse il est passé au vert lorsque je démarrai ma fonction d’enseignant. Je me souviens de ce directeur qui se faisait une joie en fin d’année scolaire de poncer tous les tableaux de ses collègues et les repeindre lui-même selon une recette qui leur donnait le brillant et la douceur de contact des plus agréables.
-Au tableau !
C’était la formule que la plupart des élèves craignaient. Face à la meute assise, autrefois les bras croisés, la victime désignée risquait gros. Soit les moqueries des camarades, soit la réprimande du « maître » installé derrière son bureau, et souvent armé de cette grosse règle en bois qui de temps en temps s’abattait sans prévenir sur des petits doigts résignés.
Je me suis parfois ennuyé à l’école communale. Pas de montre, pas d’horloge murale. Le temps était rythmé par l’alternance des exercices entrecoupés par les récréations bienvenues. Elles servaient de défoulement après 90 minutes passées sur le banc en bois sans possibilité de déplacement, si ce n’est pour l’épreuve du tableau ou la récitation des leçons.
…au tableau blanc.
Les enfants d’aujourd’hui vivent dans l’école d’aujourd’hui. On les dit en général moins sages que ceux d’autrefois. Qu’est-ce qu’un enfant sage ? J’entends critiquer cette école, ses résultats navrants surtout au niveau de l’étude de la langue française. Etait-ce mieux avant ? Ceux qui ont la nostalgie de l’école d’autrefois oublient que nous vivons au début du 21e siècle et que les élèves ne peuvent évoluer en marge de leur temps.
Nous conservons quelque part dans notre mémoire le refuge du « bon vieux temps ». N’est-ce pas un retour attendri sur cette jeunesse, la nôtre, qui s’enfuit inexorablement au fil des ans ? »
ci-dessus photo de classe, école du Cambrésis
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