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article presse locale sur le 15 août 2010 : lien ci-dessous
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Cambrai/actualite/Cambrai/2010/08/15/article_le-defile-encadre-par-martine-et-martin.shtml
Mon père n'avait pas son pareil pour nous dénicher des sorties festives "à l'oeil". Le problème c'est que les manifestations programmées se déroulaient essentiellement en plein air. Un ciel chargé de gros cumulus noirs, et je devais emporter impérativement le "capuchon", ce vêtement de pluie en toile imperméabilisée qu'il fallait endurer toute la soirée, et surtout ne pas oublier dans un coin sous peine de devoir supporter pendant des jours les jérémiades de la maman courroucée.
Ce que je préférais, c'était les sorties "entre hommes". Ma mère restait à la maison avec ma jeune soeur, mais n'aurait pas accepté que son mari partît seul pour une de ces virées bien innocentes. Alors je servais de chaperon. J'en étais enchanté : l'absence des petites jambes de ma cadette nous permettait de nous déplacer plus rapidement et plus loin. Mais surtout de donner à mon père l'opportunité d'aller prendre un verre dans un de ces innombrables estaminets cambrésiens qui jalonnaient le trajet de la route d'Arras à la Grand-Place. "Tu ne le diras pas à maman, hein!" Quitte à avouer un mensonge à confesse, je ne pouvais refuser en échange de ma complicité le verre de limonade blanche dont les bulles bienfaisantes me sautaient au visage.
Papa qui avait un porte-monnaie dans lequel peu de pièces s'entrechoquaient était devenu par la force des choses assez radin. Je n'ai pas oublié ce spectacle de funambules, face à l'église Saint-Géry, qui me laissa pétrifié d'admiration. Un coup de coude paternel me fit comprendre qu'il fallait décamper. J'eus juste le temps d'apercevoir un des artistes tendant un chapeau au public pour recevoir l'obole méritée. Cette dérobade me laissa un goût amer. Réaction différente de mon géniteur qui m'entraîna tout de go du côté du jardin public où la foire commerciale nous permit d'avaler gratuitement et goulûment plusieurs échantillons de ces nouveaux potages en poudre lancés alors sur le marché.
L'après-midi du 15 août, nous nous dirigions traditionnellement vers la rue Cantimpré pour voir défiler ce que nous nommions "la cavalcade". Nous croisions des groupes de piétons aussi motorisés que nous, avec les habits du dimanche, descendant des hauteurs de Sainte-Olle et prenant la direction du centre ville.
Arrivés sur les lieux de passage du défilé nous prenions possession d'une portion libre du trottoir. Ma taille de gamin me permettait de me glisser au premier rang de la foule nombreuse malgré les rappels de ma mère qui craignait toujours que je m'égare. Je savais qu'une main vengeresse m'attendait, qu'elle déposerait plus tard -"Tu ne perds rien pour attendre!"-sur ma joue une caresse plutôt appuyée, mais qu'importe! Je ne voulais rien rater des exhibitions. Des accents musicaux de plus en plus prononcés annonçaient la tête du cortège emmené -galanterie oblige- par la géante Martine. Devant nous passaient des groupes folkloriques portant des tenues chatoyantes et jouant à juste titre les vedettes d'un jour. Certains offraient une sorte de parade qui recueillait de vifs applaudissements. Il y avait parfois parmi ces "artistes" des hommes déguisés en ours ou gorilles qui faisaient mine de foncer sur nous, ce qui déclenchait des cris féminins offusqués et faussement épouvantés. Le char de Martin marquait la fin de ce défilé.
Mes parents reprenaient malgré mon insistance le chemin du retour. Je lorgnais le centre ville où étaient installés les manèges. La barbe à papa annuelle ce serait pour le dimanche suivant. Aujourd'hui les attractions c'était l'affaire des agriculteurs qui n'hésitaient pas à payer le prix fort, les poches bien pleines après la moisson -c'est ce que déclarait mon père- du prix de leur travail.
Cloclo
On a tous un petit coin des souvenirs dans la tête et il fait bon les ressortir...Ah, nostalgie, quand tu nous tiens !
RépondreSupprimerCricri
on a l'impression que cloclo préfère son père? et que la maman est sévère non?
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