lundi 22 août 2011

ateliers : la mairie de Proville et la chirurgie esthétique

"un sérieux lifting"


Photo de la mairie

Las ! voyez ce que je suis devenue ! J’ai vieilli ! Mal vieilli ! Moi qui fus autrefois appelée la maison de verre … que reste-t-il ? J’ai pourtant eu mon heure de gloire ! Tous les curieux se demandaient si ce nouveau bâtiment rajouté à l’arrière de l’ancienne mairie et surmonté d’une tour en verre ne jurerait pas avec la brique … mais oui mais oui … moi j’étais confiante … j’étais entre de bonnes mains … ce serait du plus bel effet … 

Lors de mon inauguration un cocktail fut donné avec les personnalités importantes de la région et les administrés. Je brillais de tout mon éclat et je fus visitée et admirée. C’est vrai que j’étais vraiment très « design »  avec mon  grand escalier à claires-voies qui menait à l’étage surplombé par une coursive. Quel succès ! Quelle audace ! Maintenant habitués à cette « drôle de construction » les administrés avaient repris leurs habitudes m’adoptant dans leur paysage et venaient me rendre visite quotidiennement. Lorsqu’en fin de journée, je pouvais baisser mon rideau métallique, j’étais enfin seule et je pouvais savourer cet espace frais : la grande salle des cérémonies, combien de couples ont défilé, combien de personnes ont été reçues pour diverses manifestations, puis le bureau du maire, le grand hall où les gens se succédaient au guichet pour divers renseignements ou pièces administratives … l’étage avec ses trois bureaux où telle une ruche tout le monde s’activait la journée …

Mais petit à petit tout a commencé à s’affaisser et il fallut soutenir l’étage et mon bel escalier par des étais … Tout le personnel qui y travaillait a dû déménager … Je sentais que c’était la fin de ma jeunesse … c’est ainsi que l’idée d’un sérieux lifting s’imposa à moi !

Zaza

dimanche 21 août 2011

ateliers-Quand Cloclo faisait les courses à "la coopé"...

La coopé…



-A qui le tour ?

Certains jours, à certaines heures, il y avait du monde face à l’immense comptoir derrière lequel s’affairaient Mme D… et son employée, une toute jeune fille fière d'entrer sur le marché du travail après avoir obtenu son certificat d’études.

-C’est…

-J’étais avant toi, petit !

Heureusement, de temps en temps, la gérante, une veuve souriante, dynamique et qui avait l’œil, intervenait en ma faveur pour me soustraire à l’autorité de ces personnes imbues de leur statut d’adultes. A force de perdre mon tour je m’attirais les foudres de ma mère qui, s’inquiétant de mon retard, supposait que j’avais encore « traîné les rues ».

Que n’ai-je-eu l’idée à l’époque d’inventer ce distributeur de tickets portant un numéro de passage ! Et si les clients avaient été appelés dans l’ordre alphabétique ? J’aurais été très bien placé ! Mais ce n’était pas le cas.

Tout un cérémonial.

-Pour vous ce sera… ?

Chacun annonçait la nature de la marchandise choisie. Et l’on voyait les mains prestes de Mme D… et de son aide, accompagnant des déplacements rapides de droite à gauche, extraire des rayonnages les paquets ou boîtes de conserve classés, élégamment alignés et empilés.

Ma mère m’envoyait faire les courses à la coopé quasi quotidiennement. J’avais à peine trois cents mètres à parcourir pour m’y rendre. C’était pour acheter un kilo de sucre en morceau ou de la farine, voire un litre d’huile. Des produits de première nécessité. Pas de stock à la maison. Les achats de fruits et légumes étaient exceptionnels. Le jardin potager, œuvre de mon père qui m’y réservait la corvée de binage des mauvaises herbes, tentait de subvenir durant une bonne partie de l’année aux besoins familiaux. Les fruits, à part les fraises, étaient « indigènes » et de saison, offerts parfois, souvent achetés bon marché à des voisins nantis d’un verger. Les seuls fruits exotiques, des oranges, étaient livrés une fois l’an, en très petit nombre, par ce brave Père Noël.


en rouge l'emplacement de la première coopératve à Proville.
 En noir celui de la supérette qui lui succéda.

Pour aller à la coopé, pas besoin de liste ni de cabas. Un achat de quelques marchandises n’alourdissait ni mes bras, ni la facture. La maîtresse de maison gérait serré son budget au jour le jour. Pas question d’user du crédit, d’avoir une ardoise. La gérante n’aimait pas ce système. Mes parents, par fierté, auraient préféré se passer de victuailles plutôt que de solliciter l’inscription honteuse sur le carnet de la commerçante.

-Tu en as mis du temps ! Tu as bien pris les timbres ?

Les timbres ! Ma mère y tenait tant ! Collés régulièrement et soigneusement sur des feuilles imprimées, ils donnaient droit à une ristourne proportionnelle au montant des achats effectués dans l’année. Sur un modeste catalogue mes parents choisissaient l’objet convoité dont le prix correspondait au plus près à la somme accordée. Le plus souvent il fallait rajouter de l’argent pour l’acquérir. Je me souviens de ces deux petits poêles bleus à charbon jumeaux, obtenus par ce procédé en deux ans, montés par mon père dans chacune des pièces principales de l’habitation et qui nous apportèrent à la saison froide un appréciable confort.

Une autre fois ma mère eut la fierté d’installer, toujours grâce aux ristournes, mais en faisant cette fois un appoint relativement important, un canapé lit, en simili cuir, couleur mastic. Ce fut la pièce de mobilier la plus luxueuse dans notre nouvelle maison HLM. Nous l’aimions ce canapé, même si presque tous nos voisins possédaient le même modèle acquis de la même façon. Il fut d’autant plus apprécié qu’un jour la télévision s'introduisit dans notre demeure et nous fit vivre des soirées merveilleuses avec sa chaîne unique et ses images en noir et blanc.

Ces magasins de proximité à l’enseigne des coopérateurs d’Escaut et Sambre ont disparu. Subsistent néanmoins, comme pour ne pas voir s’effacer ce symbole si fort, sur quelques façades (près de chez nous, à Rumilly-en-Cambrésis par exemple), ce mot évocateur gravé dans la brique : « coopérative ». Un mot magnifique. Coopérer : agir conjointement, concourir à une œuvre commune…
collection JC CLETON
fonds documentaire JC DEFER
MEDIATHEQUE DE PROVILLE
Cloclo

jeudi 11 août 2011

ateliers-Les médiathèques fleurissent dans le Cambrésis.

Le concept de médiathèque s'est développé dans les années 1980, quand les contenus audiovisuels (documents sonores et enregistrements vidéo) ont été considérés comme des témoignages culturels au même titre que l'écrit. Le terme de médiathèque a été retenu pour mieux refléter la diversité des œuvres et des ressources collectées et présentées au public, notamment sous forme de cassettes vidéo aux formats Betacam et VHS. Dans les années 1990, les médiathèques ont naturellement accueilli les supports numériques (CD audio, DVD vidéo) qui sont venus compléter les supports traditionnels (imprimés, microfilms, disques vinyl, etc.).
Plusieurs villes possèdent aujourd'hui une médiathèque. En France, elles complètent ou s'apparentent aux bibliothèques municipales ou intercommunales et sont ouvertes au public qui peut consulter les collections sur place et emprunter des CD, des cassettes vidéo, des DVD, etc."


source : Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9diath%C3%A8que

Ne ratez surtout pas ce reportage  vidéo qui présente le réseau des Médiathèques du Nord (dont celle de Proville) et de la lecture publique. 
lien :
http://www.youtube.com/watch?v=fJKLr-X5VOQ&feature=youtu.be


La médiathèque de Proville n'est pas fermée pour congés annuels.
Aux heures d'ouverture, l'animation garde son allure habituelle.


La culture artistique est loin d'être négligée.
Elle s'adresse aux plus jeunes tout comme aux plus âgés.


Franchissez donc le seuil du noble établissement :
Et laissez éclater votre ravissement.





Nota : la médiathèque de Proville est devenue un lieu de rassemblement, de réunion de nombreux jeunes de la commune. Sont-ils principalement attirés par les livres, par la culture? L'essentiel n'est-il pas qu'ils fréquentent un tel site qui favorise rencontres et partage, même si l'enthousiasme parfois débridé lié à leur âge ajoute à l'ambiance feutrée habituelle des couleurs sonores tout à fait naturelles? L'établissement participe ainsi plus ou moins directement au "devoir" d'éducation.

Charlie

mercredi 3 août 2011

Ateliers-Ces fameuses boîtes à chaussures!

Dans une boîte à chaussures, depuis bien longtemps déglinguée, des photos écornées, jaunies, empilées, faisant le gros dos, attendent. Attendent qu’une petite fille, un petit garçon posent des questions bien ciblées, avec la curiosité de leur âge.
-Attends ! Je vais te montrer…
Le plus souvent c’est la grand-mère qui soustrait des profondeurs de l’armoire le modeste précieux coffret défraîchi. Les images d’un autre âge volent au secours d’une mémoire quelque peu défaillante.
-C’est qui là ?
Et le récit prend forme. Bien sûr il y a des problèmes avec la chronologie. L’histoire se construit pêle-mêle. Les enfants n’en ont cure. Ce qui leur plaît, c’est de poser des questions. Les réponses, c’est accessoire.
Je fus l’un de ces petits garçons découvrant grâce à ces reliquaires mes racines familiales. Mes parents avaient réuni dans une boîte métallique et une autre en carton épais nombre de ces photos de tailles diverses, certaines au bord dentelé, d’autres au format carte postale.
Au temps de la communale, des jeudis pluvieux qui imposaient des activités d’intérieur, les parties de « dada » ou de dames devenaient lassantes. Comme un cérémonial : ma sœur et moi sollicitions l’autorisation d’ouvrir les merveilleuses boîtes. Nous répétions ce que nous avions appris. Nous inventions des histoires. Sans nous en rendre compte nous construisions une généalogie, fantaisiste certes. Ces nombreuses têtes qui posaient solennellement souvent à l’occasion d’un baptême, d’une Communion, d’un mariage, nous révélaient l’histoire de la famille.
Maman intervenait.
-Vous êtes soûlants ! Je vous l’ai déjà dit : c’est votre arrière-grand-père avec votre arrière-grand-mère.
Je n’aurais jamais eu l’idée de demander :
-Mais les autres ?
-Les autres quoi ?
Ma chère maman, je te le dis aujourd’hui : nous avons chacun quatre arrière-grands-pères et quatre arrière-grands-mères. Nous avons… nous eûmes !
Depuis ces tendres années de l’enfance insouciante, les boîtes à photos ont recueilli au fil du temps et des deuils d’autres documents.
Ma mère a bien voulu que j’en effectue le classement. Un robuste album présente d’une façon ordonnée tous ces fragments de vie respectueusement, presque religieusement légendés et si possible datés.
Les outils actuels permettent de scanner et conserver sur d’autres supports facilement gérables et transmissibles ces images émouvantes qui participent elles aussi à leur façon au « devoir » de mémoire.

clic gauche sur la photo pour l'agrandir
Cette photo a sa place dans l'album familial. Les filles et les garçons qui y figurent seront bientôt septuagénaires. Un cortège composé de petites meunières, de petits meuniers. Importance du pain dans l'alimentation. Respect du blé qui en permet la fabrication.

"Je vous ai reconnus, Jean Michel, Roland, Régis, Jean Claude, et vous Christiane, Marie Noëlle, Claudine, Marie Andrée. D'autres visages encore dont j'ai oublié le prénom. Et sur le trottoir se hâte Georges, organisateur à Neuville-Saint-Rémy de rassemblements festifs populaires, pour faire oublier la guerre dont le souvenir tragique hantait péniblement les esprits."

Cloclo