jeudi 27 janvier 2011

ateliers-La création de la Cité Bertrand a grossi la population provilloise.


fonds local ancien JCD, coll .archives communales

La Cité Bertrand : elle est l’œuvre de Pierre Bertrand, alias Bertrand-Milcent, époux de Célina Milcent. Cet homme dynamique fit construire sous le Second Empire à la limite de Cambrai-Proville une usine de tissage mécanique et une cité ouvrière. Son fils Alfred devint propriétaire de cette cité à la fin du 19e siècle. Il acheta aussi le Château du Crocq situé à 200 mètres environ de la Place de Proville.

extrait de "Louise, la fille de l'éclusier"
Si vous désirez acquérir cet ouvrage... contact :

                                                               puerorum-villa@wanadoo.fr

Je suis arrivé à Proville au début des années 1970. Comme beaucoup de jeunes ménages cambrésiens j’avais opté pour l’accession à la propriété par le biais du Groupe Maisons familiales solidement implanté à Cambrai et dont la dynamique commerciale faisait souvent mouche.



A cette époque, Proville arborait encore ses particularités rurales. Le « boom » de la construction avait pris naissance quelques années auparavant avec l'édification de quelques dizaines d’habitations à proximité du « vieux » village. Avait-on décidé à cette époque que la commune irait jusqu’à quadrupler sa population ?


Au 19e siècle le même étonnement a dû faire jaser les familles en place depuis des générations. Un industriel ambitieux avait décidé de créer à la limite Cambrai-Proville, sur le chemin (qui porterait plus tard son nom) reliant les deux communes, une usine et une cité ouvrière.


Pierre Joseph Bertrand, époux de Célina Milcent, avait ainsi jeté un pont entre le secteur rural et le secteur urbain et apporté à Proville, en quelque sorte, du sang neuf.


L’usine Bertrand a disparu, tout comme la cité. Le paysage a été modifié. Restent les souvenirs, les documents… et cette réalité : nous ne sommes que des passants. Que laissons-nous à nos successeurs?

Cloclo





mercredi 26 janvier 2011

ateliers-la photo insolite : l'école, autrefois, à Proville


Proville                                                                                                                 le jeudi 8 juillet 1937
Ma chère marraine,

Nous avons passé un agréable après-midi au bois Chenu. Notre maître Monsieur Michaut nous avait permis d'emmener notre goûter et notre gourde. 
Comme il faisait très chaud et que malgré les arbres le soleil nous brûlait trop le crâne nous avons préféré garder nos bérets.
Le maître nous a demandé de bien observer les arbres, de les dessiner, d'écrire leur nom. Nous avons mis de côté des feuilles pour l'herbier scolaire.

C'est bientôt les grandes vacances. Après le quatorze juillet j'irai ramasser les pommes de terre pour mon voisin le cultivateur que tu connais bien. En échange il me permettra d'en glaner pour notre famille après la récolte. Il en reste toujours un peu sous la terre.
En août, pendant les congés payés de papa, nous passerons une journée à la mer. Je crois que ce sera au Tréport. Nous partirons en autocar à 5 heures du matin et nous pique-niquerons sur la plage. Maman m'a tricoté un nouveau maillot de bain. L'autre devenu trop petit sera pour mon frère.

J'allais oublier! Dimanche, c'est la distribution des prix. J'ai assez bien travaillé et je pense avoir peut-être le prix d'honneur.

A bientôt ma chère marraine.
Gros baisers de ton filleul qui t'aime.

Cloclo


mardi 25 janvier 2011

ateliers-la photo insolite; l'école et les vacances

On parvient à déchiffrer l'inscription bien pâlie du bas du document. La photo serait l'oeuvre d'un photographe installé au Cateau-Cambrésis.
Notre sympathique donateur précise qu'elle serait de 1904.
Ces 31 demoiselles qui font mine de travailler sous la surveillance de deux adultes (l'institutrice et la maîtresse de couture?) posent néanmoins pour la photo.
Faisons-nous plaisir en admirant les coiffures et les tenues vestimentaires.
De quelle école s'agit-il? Ces gentils minois ont disparu... Quel fut leur parcours? Quels drames ont-elles vécus?
1904... 1914... 1944...

samedi 22 janvier 2011

ateliers-Nénesse a mal à la langue!

A qui le bonnet d'âne?


"... kidnappée par une femme qui s'était faite passer pour une infirmière..."

Le sursaut de Nénesse est justifié. La présentatrice du journal aurait dû dire : "...kidnappée par une femme qui s'était fait passer pour une infirmière..."

Le participe passé "fait" suivi immédiatement d'un infinitif est toujours invariable. Tiens! Nénesse nous rappelle à ce propos les paroles d'une vieille chanson... "Elle s'était fait couper les ch'veux, comme une petite fille, gentille..."

lien : http://www.youtube.com/watch?v=_CqsaaQUpmI





Les médias colportent volontiers des mots qui finissent dans la bouche de chacun. En ce moment, le mot à la mode, pour faire bien, est "exponentiel(le)", ce qui signifie, dans l'expression "de manière exponentielle"... :

de manière rapide et continue?

de manière lente et continue?

de manière rapide et fugace?

Si Nénesse qui va une fois par semaine faire son tiercé au café de la commune commande au patron : "Servez-moi un demi de manière exponentielle, SVP." il risque de ne pouvoir rentrer chez lui par ses propres moyens.
En effet, "de manière exponentielle" signifie de manière rapide et... continue!

nota : l'adjectif "exponentiel(le)" est surtout connu des mathématiciens dans l'expression "fonction exponentielle".





mardi 18 janvier 2011

ateliers-Balou est dans le vent.


Le Vent











Doux frémissement dans le feuillage, qui es-tu ?
Serait-ce le bruissement d'ailes d'un oiseau qui passe
Ou bien le murmure du vent aux instants fugaces,
D'un étrange parfum qui seul, a survécu ?


Va, emporte avec toi, à tes moments perdus,
Ces douloureuses plaintes, à l'approche de la chasse,
Des sangliers apeurés jusqu'à la bécasse.
Va te dis-je, et pleure sans aucune retenue !

L'automne approche et tu t'acharnes puissamment !
D'un souffle bruyant, tel un guerrier vaillant,
Tu arraches et tu broies, tu casses ici et là...

Et dans un cortège de nuages presque funeste,
Tu balayes tout sur ton passage ! Puis tu tombes... Las !
De ton passage violent, c'est tout ce qu'il reste !

avec l'aimable autorisation de Balou
 
la poésie classique :
lien
 
Beaucoup d'amateurs de poésie s'affranchissent des règles strictes de la poésie classique.
 

vendredi 7 janvier 2011

ateliers-les étrennes de la tante Gertrude



Les « étrennes » de la tante Gertrude.

C’était un rituel semblant immuable. Ma sœur et moi encore tout petits étions entraînés par nos parents le Jour de l’An dans un circuit me semblant interminable. Ma cadette dont les petites jambes peinaient à progresser sur trottoirs et chaussées perforés de « nids de poules" bénéficiait du transport alterné des bras adultes. La hiérarchie dans les étapes programmées était respectée d’année en année. Nous passions d’abord chez les grands-parents paternels, parce qu’ils étaient les plus âgés. Sur la table ronde de la pièce principale qui servait aussi de chambre à coucher attendaient des brioches en forme de Jésus et de splendides oranges. Mes yeux repéraient immédiatement ces objets sacrés qui seraient remis juste au moment du départ.

-Alors, qu’est-ce qu’on dit à Pépère et Mémère ?
-Bonne année, bonne santé !
-A toi pareillement !

Dans le Nord, c’est quatre. Oui, quatre bisous déposés sur des joues râpeuses se tendant vers des petites lèvres pas encore réchauffées.

Les parents avaient droit à une tasse de café, « arbouillu » comme le regrettait ma mère. En effet, la cafetière rechargée d’eau et d’un peu de chicorée au fil du passage des visiteurs supportait plus ou moins bien la chaleur du poêle flamand alimenté par les boulets de charbon. On ne prenait pas le temps de s’asseoir. Il y avait encore à faire…
-Vous ne vous assoyez pas ? Vous allez disputer ! »

Ouf ! Mémère avait sorti son sachet en papier et y déposait religieusement les deux brioches et oranges faisant office de cadeau de Noël. Elles nous accompagneraient jusqu’à environ midi trente, heure marquant l’issue du périple. Le supplice durerait jusqu’au lendemain matin : ma mère avait décrété que les pâtisseries seraient le petit déjeuner de luxe ! Tant pis si elles étaient un peu rassises.

Nous n’avions parcouru qu’un kilomètre et demi. La maison des grands-parents maternels se situait à environ cinq cents mètres. Là, je savais qu’il n’y aurait aucune gâterie. Même fricassée de museau. Au sortir mémère me glissait une petite pièce dans la poche en murmurant : « T’achèteras des bonbons. » Je ne cèderais pas à la tentation. La modeste obole irait en résonnant rejoindre quelques congénères par la fente du cochon-tirelire : il fallait déjà penser à la fête des mères !

Quelques centaines de mètres avant d’atteindre la coquette habitation de notre « matante » Gertrude. Elle était la sœur de ma grand-mère maternelle. Mes parents nous avaient prévenus : « Vous ne mangez pas tout de suite la gaufrette. Vous direz que vous n’avez pas faim. »

Tante Gertrude avait gardé l’habitude -souvenir des privations durant les deux guerres mondiales- de mettre de côté tout le gras animal qu’elle pouvait récupérer, de le faire fondre et de s’en servir pour la fabrication de ses petites gaufres : les étrennes. Elle disposait de deux boîtes : l’une qui conservait les restes de l’année précédente, l’autre les plus « fraîches ». Sur quelle boîte allions-nous tomber ?

Peu importe… La gaufrette était prestement glissée dans ma poche. Je ne saurais jamais quel âge et quel goût de rance avait « l’étrenne » !

Dernière station… deux kilomètres à pied, ça use, ça use… Direction l’appartement de « marraine ». Mon père avait pris ma petite sœur sur le dos. Mes guiboles commençaient à crier grâce. Mais cet ultime tronçon du circuit annuel avait la conclusion la plus agréable. Comme d’habitude l’oncle Eugène avait retapissé la cuisine où l’on nous recevait. Le modeste intérieur respirait la coquetterie. Ma sœur et moi avions droit à un verre de limonade blanche. Mon père acceptait un verre de vin blanc. Il en avait bien besoin pour soulager un dos endolori. Ma mère ne résistait pas à la tasse de café. Celui-là c’était du frais, insistait ma marraine. J’attendais l’ultime moment ; celui où mon oncle, facteur des PTT, me remettrait le fameux calendrier qui trônerait au-dessus de mon cosy et que je ne manquerais pas de consulter aussi souvent que mon dictionnaire.

Ce sont environ six kilomètres que nous avions parcourus. L’après-midi serait calme. Ce serait au tour des plus jeunes frères et sœurs de mes parents de venir nous souhaiter la bonne année.
La brioche ? Demain matin, c’était encore loin !

Au fait, l’étrenne de la tante Gertrude ?
Elle gisait informe, émiettée, lamentable dans le fond de la poche du manteau. Une auréole de… graisse de poule, certainement, marquerait le souvenir de son passage furtif, en attendant l’An prochain, et la prochaine étrenne si Dieu prêtait vie à notre chère pâtissière!

Cloclo