Si mes graciles petites jambes avaient été munies d’un compteur kilométrique, d’un pédomètre, elles auraient ainsi traduit la longueur des circuits que nous imposaient –soyons gentils : proposaient- nos parents à l’époque.
Une des promenades dominicales que prisait mon père c’était la visite du jardin public à Cambrai. Une immense aire de détente amoureusement entretenue par les employés de la ville. Elle déroulait ses charmes de part et d’autre de la rue de la Citadelle et du boulevard Paul-Bezin. J’ignorais à l’époque l’histoire de ce site défensif établi depuis bien longtemps sur le Mont-des-Bœufs et dont les abords avaient permis la création de cet important îlot de verdure.
Le Mont-des-Bœufs ! Le trajet emprunté en disait long sur l’altitude à atteindre que j’exagérais en demandant de temps en temps vainement : « Papa, monte-moi sur ton dos. » Voulant faire de moi un homme, il ne répondait pas à mes jérémiades répétées. Je savais néanmoins que mon insistance trouverait une réponse au retour : mon père devenu monture accueillerait à califourchon un petit corps lassé.
Nous habitions au cœur de Neuville-Saint-Rémy, encore village rural à l’époque, bien avant son extension dans les années 1960 par la construction de centaines de maisons sous la férule de la société HLM « la Maison Familiale ». Invariablement le trajet consistait à gagner directement la rue d’Arras. Comme nous, de nombreuses familles, la plupart descendant des hauteurs de Sainte-Olle, se dirigeaient vers le centre de la grande ville, occupant les trottoirs de terre battue sans voitures en stationnement, d’ailleurs bien rares sur la chaussée. Nous passions devant la petite gare Cantimpré et atteignions le pont de Marquion franchissant le canal. La remontée du boulevard de la Liberté me semblait interminable. Mais dès qu’apparaissaient les premières maisons du faubourg Saint-Druon, je poussais un « ouf » à la fois de soulagement et de contentement.
Nous n’étions pas très loin du lac des cygnes. Ma mère n’avait pas oublié le pain sec qu’elle me réservait pour le grand plaisir des gros oiseaux. M’attendaient-ils ? Voraces ils n’hésitaient pas à esquisser des gestes de mauvaise humeur pour subtiliser à un comparse plus adroit la croûte dont ils se régalaient. A quelques dizaines de mètres s’élevaient les grottes dont les escaliers internes permettaient une rapide exploration. Ma mère me rappelait chaque fois à l’ordre dès que je m’approchais trop près de la petite cascade déversant dans un étroit bassin une modeste quantité d’eau. L’étape suivante était le fameux papillon témoin de tant de mariages cambrésiens.
Nous n’étions pas très loin du lac des cygnes. Ma mère n’avait pas oublié le pain sec qu’elle me réservait pour le grand plaisir des gros oiseaux. M’attendaient-ils ? Voraces ils n’hésitaient pas à esquisser des gestes de mauvaise humeur pour subtiliser à un comparse plus adroit la croûte dont ils se régalaient. A quelques dizaines de mètres s’élevaient les grottes dont les escaliers internes permettaient une rapide exploration. Ma mère me rappelait chaque fois à l’ordre dès que je m’approchais trop près de la petite cascade déversant dans un étroit bassin une modeste quantité d’eau. L’étape suivante était le fameux papillon témoin de tant de mariages cambrésiens.
Le temps du retour ajouté à celui de l’aller et de cette sympathique visite dans ce splendide jardin public avait entamé la majeure partie de cet après-midi de dimanche. Durant le repas du soir je m’endormais plusieurs fois sur ma chaise. La journée n’était pas terminée… ma mère avait encore à me faire réciter la leçon d’histoire pour le lendemain et la table de multiplication !
Cloclo
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